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Le petit soldat alimentaire de la guerre des Cassdales en or.

par Jason 13 Août 2013, 20:19

Le petit soldat alimentaire de la guerre des Cassdales en or.

Ah, ces vieux souvenirs, rien que d'y penser je sens comme une odeur de friture. Il est difficile d'imaginer qu'on puisse se sentir si petit en vendant des hamburgers. C'est vrai quoi, il y a tout de même bien pire comme situation, et en plus un job c'est un job, et ça, si c'était pas rien à l'époque, bah ça l'est encore moins (rien) aujourd'hui.

 

Seulement voilà, mémoire marquée par une post adolescence en transit ou simple fixation sur une première vraie expérience professionnelle, je qualifierai plutôt ça comme un conglomérat d’éléments absurdes et intenses emboîtés les uns dans les autres.

 

Un pantalon en toile bleu fonçé épousant vos fesses d'une façon bien trop féminine. Un polo rouge vif arborant un gros logo jaune de vos sandwich bioniques bréférés. Une casquette vous donnant la forme crânienne des frères Bogdanov, mais pas leurs neurones. Pour finir, des chaussures de sécurité sur lesquelles ont greffais une énorme semelle en caoutchouc antidérapante. Rasé de près, cheveux (très) courts et bien entendu, le polo rentré dans le pantalon, sinon t'as pas l'air assez con.

 

Un vrai petit soldat alimentaire, une fois le contrat signé ( je ne m'étalerai pas la dessus, mais on imagine facilement le budget de la cellule juridique de notre ami Ronald pour surfer entres les conditions de travail plus que borderlines, les interprétations hasardeuses de la convention collective (pourtant déjà orientée), et ses 99% de prud’hommes remportés ).Oui cette parenthèse est tellement longue que reprendre la phrase n'aurait aucun sens. Je reprends donc :

Un vrai petit soldat alimentaire, une fois le contrat signé, 18 ans, toutes mes dents et completement intrigué par ce premier emploi, tant par le ridicule de sa discipline hors normes, que part la beauté d'une enseigne générant des milliards. Et non ce n'est pas une expression, on parle ici de milliards. Le petit soldat alimentaire de la guerre des cassdales en or.

Je me rappelle assez bien de mon premier jour. J'étais plus intrigué par le coût de reviens d'un steak que par le process à suivre pour faire des glaces. Apeuré et excité par le nombres d'éléments à prendre en compte, et surtout la vitesse à la quelle il fallait les prendre en considération pour être réellement efficace, j'ai rapidement pris un pied malsain. Optimiser la moindre seconde entre le moment ou on referme le grill des steaks et celui ou on sors les pains, pour au final gagner une tournée par tranche de 20 minutes. Ca parait con comme ça, mais c'était marrant. Bon un temps, je vous l'accorde.

 

Etant le seul homme, ou plutôt "jeune trou du cul" salarié du restaurant, j'ai eu la chance de pouvoir bénéficier d'un rôle confortable de chouchou. Et il est inutile de se demander si j'ai eu la vilenie d'en profiter. Ainsi, j'ai pu assister à ce que l'on pourrait appeler : "Le sens du travail d'équipe désintéressé et pragmatique au sein d'un groupe cent pour cent féminin ayant pour moyenne d'age 20 ans".

 

Loin de moi toute idée machiste, mais si aujourd'hui les managers évitent les équipes 100% masculines ou 100% féminines ce n'est pas pour rien. Et j'en avais eu la preuve. Bon je ne revêtira pas la cape de Captain Obvious en étalant les bons point d'être le seul mâle post-pubère dans une équipe de jeunes et jolies étudiantes, mais disons que ce fut fut enrichissant et franchement drôle. Naturellement, ça n'a pas aussi bien fini que ce n'est parti. Et oui, mélanger le cul, le boulot et les Mcflurry's, ça n'as rien de bon.

 

Bref, je m'égare, même si du coup, ces quelques lignes au dessus donnent finalement du sens à l'image principale de l'article. Habile n'est-ce pas ?

 

 

Le petit soldat alimentaire de la guerre des Cassdales en or.

Mettons de côté un instant cette première partie découverte et personnelle pour s'attarder sur une scène récurrente de la vie d'employé de restauration rapide. Cette dernière avait tendance à mettre à rude épreuve votre patience, estime de vous-même et plus globalement, vos nerfs.

 

 

 

22H30, il y a de moins en moins de monde dans le restaurant, et par la force des choses moins d’équipiers qui y travaillent. Afin d'être dans les temps pour la fermeture, il convient d'anticiper le nettoyage des équipements voyez-vous, et ce avant la fermeture à 23H00. BREF. Je suis ici depuis 12H00, je frôle les 10 000 € de chiffre d'affaires et la douleur de mes jambes est complètement rendue muette par l'adrénaline des journées de 10h à 142%, je kiffais ça.

Lorsque, entre deux récurages de machine à glace, se pointe une couple avec deux enfants, à peu prêts grand comme ça pour l'un, et comme ça pour l'autre. Par décence, je décide donc de me tenir à leur disposition à ma caisse, souriant avec un tel professionnalisme que mes cernes en disparaissaient voyez-vous.

 

 

Tandis-que la famille approchait du comptoir à la vitesse d'une écrevisse boiteuse, je me dis que j'aurais pu finir 10 fois ma machine à glace avant de lâcher un vif et valeureux : "Bonsoir !"

Pas de réponse. J'aurais pourtant juré avoir été audible, sachant qu'il n'y a pas un bruit dans le restaurant et que ces derniers sont à 3 mètres de moi. Visiblement ce n'est pas le cas, les enfants tournent autour de leur mère qui est restée les yeux scotchés au panneau d'affichage au dessus de ma tête. Quant au père, c'est le dos tourné qu'il poursuit sa conversation téléphonique visiblement passionnante.

 

 

Acharné, je risque un second : "Messieurs-dames bonsoir"

Le père fait deux pas en arrière. je pense avoir perturbé sa conversation, ou alors ce sont ses deux adorables bambins hurlants leurs désirs de sandwich gras sans mesures ni politesses. Une poignée de seconde plus tard, la jeune femme, toujours les yeux figés au dessus de ma tête, se décide enfin à ouvrir la bouche :

 

 

-"C'est quoi le jouet dans le happy Meal ? " dis t'elle en gardant la bouche entre-ouverte après sa question.

-"Dora l'exploratrice cette semaine." répondis-je, avec la veine du front qui devait commencer à palpiter.

-"Kevin, Teo, revenez ! Vous voulez quoi comme pompot ?

-"Madame, on n'a plus de p...."

-"C'est quoi le jouet Maman ?" me coupa Teo en jouant a la psp en même temps.

 

 

Ce type de discussion stratégique pour les Happy Meal était un grand classique, et pouvait varier entre 15 secondes et 17 minutes. Je vais donc accélérer cette partie.

Une fois les deux atrocités juvéniles servies, on était en droit de se dire que le pire était derrière nous.

 

 

-"Chéri, tu prends quoi toi déjà ?" demanda t'elle, toujours la bouche ouverte.

-"Et puis là, Grandier dis à Dubois de se la fermer devant Perrin ! Attend, Quoi ?

-"Tu veux quoi comme Sandwouiche ?" je pense qu'elle a du restée bouche en vrac depuis ce jour là.

-"Comme d'hab tu sais bien, un GIANT ! Oui excuse moi, et là Perrin ........"

-"ici c'est Bi..." tentait-je

-"Un Giant !" me recoupa super-connasse en regardant toujours le panneau au dessus de la caisse.

 

Dans ces cas là, au début je jouait le jeu et perdrait trois minutes de plus à essayer de leur faire acheter un sandwich dont on avait la recette, et non notre concurrent. Mais les derniers temps, j'appuyais simplement sur la touche magique sans rien demander : "Big Mac".

 

En bonne mère de famille, la perdrie prendra sa commande en dernier. Je ne souri plus, je suis crevé, j'ai envie de boucler, reprendre ma voiture et d'aller voir ma petite amie qui, aussi, pue la fritte.

 

La sensation d'être un distributeur automatique vocal et invisible de hamburger était tellement forte que tout ce que je voulais était vite préparer leur casses-croûtes chauds pour les rater volontairement, ce que je ne faisait jamais, mais des fois j'aurais peut être du.

 

-"Alors une salade Caesar, poulet grillé avec un verre d'eau. Puis non un poulet pas grillé. En fait c'est quoi la différence ?" Me demanda Nebula, le doigt sur la bouche et la hanche gauche en biais.

 

Bref, une fois toute la famille servie, le gros con impoli reviendra trois fois pour faire porter sa grosse voix frustrée afin de juger la fraîcheur de la salade, du nombre de concombre dans le cheese à Kevin le futur dealer, et pour finir par réclamer une boisson sans glaçons après en avoir bu les trois-quarts. Après une heure de balais, serpillière et après avoir néttoyé les chiottes pourris par ces gens là, on allait se changer en salle de pause, pour y voir défiler le Spot Publicitaire relatant la petite famille modèle qui se pointe au Mcdo, ou encore, venez comme vous êtes, surtout si vous êtes à pwal même tant qu'a faire, et puis avec de la boue plein les godasses même c'est pas grave, ou du plâtre plein les cheveux tiens ! Pas de problème ya juste de la bouffe qui cuit à côté, et puis aussi tankafairevouzavaikavenirapwalpleindeplatreetdebouebordel@%^$*!

 

Finalement, c'était drôle, mais qu'un temps. S'il vous plait, si vous êtes en face d'un équipier qui a l'air volontaire et débrouillard, qui prends la peine de vous dire bonjour et de vous servir le plus rapidement possible. Dîtes lui au moins bonjour et au revoir.

 

Pour eux quoi, moi je m'en fou maintenant, passer par la m'a juste donné envie de faire des études, et d'aller plus loin. Comme quoi.

 

 

Jason.

 

 

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commentaires
T
Ça me rappelle de bons souvenirs... Mais chez le concurrents, moi je vendais des Giants !!! <br /> Et en effet, le bonjour est souvent zappé par les clients mais peut permettre de se sentir un peu plus humain !!! ^^
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